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  • cdipéron

La Quête des Etoiles - Chapitre 18




Patte d’Argent agita la queue. Ses pensées s’agitaient follement dans sa tête, et elle avait cruellement besoin d’air frais. Elle n’en avait même pas le temps. La chatte appliqua la dernière couche de tanaisie écrasée sur la blessure ensanglantée de Nuage de Baie. La jeune apprentie, lancée à toute allure dans la forêt, s’était empêtrée dans un gros buisson de ronces. Son épaule était à présent couverte de bouillie verte et jaune. Peu ragoutant, mais cela l’aiderait à guérir. « Beurk, marmonna la femelle brune. Absolument immonde. » Mon fils est un guerrier !, pensa la chatte avec un ronron réjoui. Elle s’était battue jour et nuit pour le garder en vie, et il s’en était remis de justesse. Patte d’Argent savait qu’Aile Rousse trouvait son acharnement à le sauver ridicule. D’ailleurs, la guérisseuse ne comprenait toujours pas le comportement de sa sœur. Elle lui avait pourtant pardonné, le jour où elle avait admis avoir eu des petits. Pourtant, un beau jour, elle lui avait pratiquement sauté dessus pour cela. Étrange, songea Patte d’Argent une énième fois. Vraiment étrange. Elle tendit le cou vers une brèche dans la roche, et attrapa un petit ballot d’herbes de toutes sortes qu’elle avait préparé à l’avance.

Mais tout allait bien, globalement. Son Clan était en bonne santé, son petit aussi, et son stock de plantes médicinales était plutôt bien rempli. Elle donna un petit coup de museau sur la joue de Nuage de Baire – sa nièce -, qui poussa un geignement, et sortit de sa tanière sombre. Dehors, le soleil se couchait déjà. Elle pouvait entendre les doux chants des oiseaux et les murmures émanant de la pouponnière. Elle frémit lorsqu’elle se remémora le jour incroyable où sa sœur avait donné naissance à Nuage de Baie, Nuage de Chauve-Souris et Nuage de Lys. Elle n’avait jamais osé penser que sa sœur si indépendante, si ambitieuse, si rebelle, ose un jour prendre du temps pour sa famille et avoir des petits. «Ce n’était pas prévu, lui avait-elle murmuré avec un regard presque embarrassé. Mais ce n’est peut-être pas sil mal.


- Et ils deviendront les meilleurs guerriers de tous les temps,» avait ajouté son compagnon, Ciel Ombragé, fier comme un paon. Les petits qu’elle avait aidé à naître avait bien grandi, à présent. Du haut de leurs 10 lunes, ils contemplaient le monde avec l’ambition de leur mère et la détermination de leur père. Et peut-être aussi un peu de la douceur de leur tante, qui sait ? Et voilà que son propre chaton, qu’elle avait regardé grandir caché derrière un voile de mensonges, grandissait tout aussi vite et devenait un magnifique et puissant guerrier ? Quel bonheur, quelle joie ! Patte d’Argent ne s’était pas sentie si heureuse depuis une belle lurette.

Si seulement sa sœur s'intéressait à ses petits autant qu’elle… Nuage de Lys - un matou frêle blanc tigré -, sauta à sa rencontre lorsque Patte d’Argent arriva dans le centre du camp. Elle déposa son ballot d’herbe à terre. «Est-ce que Nuage de Baie va bien?, miaula-t-il. - Oui, répondit Patte d’Argent en lui donnant un coup de langue sur le front pour aplatir un épi de poil. Et je suis sûre qu’elle apprécierait un peu de compagnie. - Vraiment ?, s’écria le matou en courbant la queue de plaisir. Génial! Je pourrais partager cette souris avec elle! ». Leur frère, Nuage de Chauve-Souris, plus fort et costaud, avait été choisi pour aller en guerre avec au moins la moitié du Clan. Décision idiote, à son avis, mais elle n’avait osé protester puisque c’était Aile Rousse qui avait fait la proposition. Patte d’Argent se dirigea ensuite vers la pouponnière, son ballot d’herbe en gueule, et s’engouffra dans l’étroite ouverture. Allongée sur un lit de mousse, Plume de Colombe, le ventre plus distendu que jamais, somnolait, la queue sur le museau.

Fleur de Miel, une jolie chatte dorée et tigrée toilettait consciencieusement un petit chatons blotti entre ses pattes. Elle ne se donna même pas la peine de lever la tête et de saluer Patte d’Argent. Des cernes creusaient ses yeux et sa fourrure était en bataille. « Comment va Petite Griffe?, chuchota la guérisseuse en lui donna un coup de langue réconfortant sur l’oreille. - Mieux, répondit la femelle avec une voix rauque et brisée. - As-tu assez de lait? Après un tel drame, tu peux venir à en manquer. - Penses-tu que je ne sais pas comment m’occuper de mon petit ?, s’insurgea la reine en feulant, les oreilles rabattues. Car si c’est le cas, tu te trompes ! - Je n’ai jamais pensé une telle chose, la détrompa Patte d’Argent. Je veux le meilleur pour ton dernier chaton, voilà tout. Fleur de Miel laissa échapper un gémissement et se détendit en soupirant.

- Je sais. Mais depuis la mort de Petite Cerise, rien n’est plus pareil… - Tu dois être forte, murmura la guérisseuse. Même si tu souffres. Tu ne dois pas laisser tomber Petite Griffe. Qui s’occuperait de lui, alors ? Ta fille est en sécurité avec nos ancêtres. Une reine déchue s’occupe sûrement d’elle à l’heure qu’il est. - Tu es très sage, soupira la reine endeuillée. Tu aurais été une reine formidable. Patte d’Argent se tendit imperceptiblement et secoua la tête, soudain d’une lassitude extrême. - Non. Ce n’est pas le destin que le Clan des Étoiles m’a réservé. Mais je chéris chaque moment que je passe avec un chaton, et, en un sens, tous les membres de mon Clan sont mes petits.» Fleur de Miel acquiesça, et reprit la toilette de son dernier-né en silence. Il était vif et plus fort que sa sœur, décédée durant la nuit précédant sa naissance. Sa


petite fourrure dorée foncée était encore toute courte, mais elle pousserait avec le temps. Patte d’Argent déposa le ballot d’herbe devant Fleur de Miel, et poussa le thym et les graines de pavot devant elle. «Mange ceci. Cela te fera du bien.» Lorsque la reine avala les plantes avec une grimace, Patte d’Argent tourna les talons, satisfaite, et se dirigea vers le centre du camp. Elle sursauta lorsque l’odeur vive des siens lui parvint. Un immense groupe de chats déboula dans la clairière, couvert de sang des pattes à la queue. « Nous sommes vainqueurs ! » annoncèrent-t-ils en hurlant leurs joie. Patte d’Argent fronça le nez et accouru à leur rencontre.

« Nuage de Brume ! Appela-t-elle, les sourcils froncés. Une minette dorée apparut en courant, ralentie par ses courtes pattes et sa silhouette pataude. - Repère les blessés les plus graves, ordonna la guérisseuse à son apprentie. Et appelle-moi si il y a un cas vraiment sérieux. » La jeune femelle hocha la tête avec sérieux, la queue hérissée, et approcha un groupe d’apprentis. Patte d’Argent examina rapidement du regard les guerriers, et s’approcha de Ciel Ombragé. Le compagnon de sa sœur avait des touffes de poils arrachés un peu partout, et, à l’évidence, s’était battu comme un lion. « Où as-tu le plus mal ?, demanda la guérisseuse.

- Quelque part sur mon flanc, grimaça le guerrier gris sombre. C’est comme si c’était en feu. » En effet, sa blessure avait l’air de faire souffrir ; la chair avait été tranchée net et du sang coulait abondamment. Elle pesta, et le fit aller s’allonger dans sa tanière. Patte d’Argent envoya trois autres guerriers dans son antre, puis s’occupa d’Étoile du

Myosotis. La meneuse était en piteux état, et nombre de ses anciennes blessures avaient été rouvertes. « Je vais bien, articula avec peine la cheffe en voyant son expression ahurie. - Mais bien-sûr, et moi, je suis un renard !, pesta la guérisseuse inquiète. Tu dois arrêter de te mettre dans de tels risques ! Tes dernières vies sont en jeu… » Elle avait murmuré la dernière phrase pour que personne d’autre qu’Étoile du Myosotis ne l’entende, mais Patte d’Argent se moquait bien de savoir si des guerriers l’entendaient, à ce stade. Seuls les guérisseurs possèdent le droit de connaître le nombre de vies restantes d’un chef. C’était une information importante et dangereuse si un chat malintentionné l’obtenait. Elle renvoya Étoile du Myosotis à sa tanière également, et observa avec amusement les apprentis l’observer avec de grands yeux ; rares étaient ceux qui pouvaient donner des ordres aux chefs.

Patte d’Argent envoya une rapide prière au Clan des Étoiles, espérant que ces temps de troubles ne causeraient pas l’annihilation de son cher Clan. Loup

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